jeudi 27 août 2015

IRONMAN DE MONT-TREMBLANT (Canada) - 16 août 2015

Et pourtant, tout avait si bien commencé au début de l'année, avec un changement de coach redynamisant et permettant un travail différent, avec ce changement de foulée que je travaille depuis juste après Nice qui commence à porter ses fruits (-30sec/km en endurance fondamentale) avec un planning pro qui bien que m'empêchant cette année de grimper me permettait des horaires encore plus larges d'entrainement, avec un changement de vélo lui aussi remotivant, etc...
Et rapidement les indicateurs ont démontré cette belle dynamique, une càp en nette progression, un vélo plus costaud, bref, le beau fixe.
Sauf que... premier incident, ma tendinite chronique au tendon d'Achille se manifeste de plus en plus souvent, grillant petit à petit mon plaisir nouveau de courir. Puis un autre incident lors d'une séance càp assez dure, sur la dernière répétition, les 2 mollets se serrent en même temps, un peu plus loin que la crampe, un début de contracture et presque 3 semaines sans courir. Je compense avec la natation et le vélo au point semble-t-il d'en faire trop car outre la déception de ne plus pouvoir courir correctement, je prends un gros coup de fatigue lors duquel j'ai plus envie de rien, je trouve le moindre pretexte trop chaud, trop mouillé, trop ceci ou cela pour m'entrainer, et le volume diminue drastiquement au moment où j'aurais du enquiller des séances longues. Et pour compenser, je fais du semi-long en plus dur, accumulant encore plus de fatigue, bref, un genre de cercle vicieux dans lequel je suis lentement tombé sans vraiment m'en rendre compte. En plus, je me fais un peu leurrer par une natation et un vélo plutôt pas mal au half de Kraichgau même si je ne peux que faire 7km à pied à cause du tendon d'Achille, bon allez bref, vous l'aurez compris, je suis loin de mes standards de préparation des 2 années précédentes.
Et c'est donc plein de doutes que je débarque à Mont-Tremblant.
Mais cette épreuve ne permet pas le doute, et plus qu'Ironman je dirais qu'il faut être Ironmind pour faire une belle course, car en 10-12h il y a forcément des moments durs ou très durs, qu'il faut passer, surtout dans sa tête quand le corps flanche un moment. Et idéalement il ne faut pas accumuler les ennuis.
Or là, je ne peux que plussoyer Mr Chirac qui disait fort justement : les emmerdes volent toujours en escadrille !
Et là, pinaise, j’ai chopé l’escadrille complète de Papy Boiyngton !
Donc outre la crevaison la veille de partir au Canada sur ma dernière sortie avec mes boyaux tout neufs à peine montés... je crève à nouveau à la reco du parcours, et je creverai à nouveau au km7 de la course, si si.
Mais ça c'est presque anecdotique, reprenons dans l'ordre :)
Après 2 semaines déjà au Canada, de Montréal à Québec, de Québec à Tadoussac pour une rencontre mémorable avec les baleines, un peu de natation, un peu de càp, pas de vélo car c'est très compliqué de rouler à Montréal, nous partons vers Mont-Tremblant, aller respirer l'air de la montagne et de la compétition.
Comme d'hab dans ce pays, super accueil, super ambiance, et pour le check-in, super organisation, la meilleure que j'ai pu voir depuis que je fais du triathlon. Idem pour le briefing et la pasta party, impeccable.
Cependant, un autre souci vient s'ajouter, j'ai très peu d'appétit. Le début de la semaine en régime scandinave dissocié est facile contrairement à d'habitude mais à partir du jeudi, quand il s'est agit d'augmenter la part de glucides lents dans la ration journalière, pas d'appétit, pas envie de me forcer, ça m'inquiète un peu mais sans plus ; ça aurait du :)
Sinon tout se passe bien, prépa vélo et sacs nickel, tout roule, je regrette un peu de pas avoir emporté mon gatosport Overstim du coup, on se fait une petite recette noix-chocolat dégottée sur internet, mais qui sort des habitudes. De plus les conditions climatiques sont bonnes, le temps prévu dimanche est clément, 30°C, à part une humidité très largement supérieure à la moyenne : 98%, mais pas de pluie, c’est rassurant. Yapuka !
Dimanche, levé 4h30, plutôt facilement, j’arrive même à avaler un truc et j’emporte le reste de mes gatosport maison pour l’attente.
Arrivé au parc, première surprise, le vélo est trempé, je n’avais pas remarqué qu’il avait plut pendant la nuit mais bon, ok, sauf que… on y reviendra plus tard…
Tout est calme, ce moment pré-course est toujours étonnant, le stress est palpable, les gens sont déjà dans leur bulle, moi aussi. La natation est organisée en vague car la plage est étroite, 400, c’est raisonnable, et j’avais noté pendant le briefing qu’on pouvait nager à l’intérieur des bouées, l’important étant les 2 bouées rouges tout au fond, à 1900m du départ, invisibles pour le moment avec la brume.
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et on sera relativement peu à en profiter, pour une chouette natation bien tranquille, entre bonnets rouges.
Les Pros partent à 20, forcément ça bouscule moinsJ, suivent les classes d’âges dans l’ordre, puis la mienne, les 45-49, bonnets Tyr rouges. Ça part nickel, au bout de 300m je trouve un petit groupe qui semble nager à ma vitesse, je me colle dedans ; au bout de 500m on rattrape les derniers de la vague précédente en bonnets verts partis 4’ plus tôt, au bout de 1000m ce sont les premiers bonnets jaunes qu’on rattrape, tout va impeccable, je me dis que la poisse m’a enfin lâché. Sauf que… vers 1500m de natation survient un truc totalement inattendu, incalculable, quasi surréaliste car ça ne m’est jamais arrivé : une crampe énorme au mollet gauche, je suis obligé de m’arrêter pendant presque 1min pour étirer le mollet, je repars complètement désabusé, j’ai perdu mon groupe, je nage seul, j’ai perdu 1min, certainement plus à venir en nageant tout seul… bref, je me disais bien qu’il n’y avait pas de raison que la scoumoune de cette année s’arrête aujourd’hui même L
Bref, j’arrive au demi-tour, j’en profite pour lever un peu les yeux et voir si je peux pas rallier des rouges façon Koh-Lanta parce que bon, les jaunes voila quoi J, et donc moyennant une petite accélération sur 3-400m ça se fait et je peux enfin retomber un peu les puls dans les jambes de 2 collègues d’âge. Je finirai avec eux mais j’estime que j’ai pris entre 2 et 3min dans la vue à cause de cet imprévu. Ajouté aux 3900m généralement constatés par les concurrents, je sors en 1h07’19’’ au Garmin, 1h08 au tapis de chrono, 66ème de mon groupe d’âge, j’aurais fait une chouette perf sans cette sale crampe.
Sur la transition le mollet me tire mais je pense qu’à vélo ça peut disparaître assez rapidement, donc pas de gamberge, je suis pas mal J Organisation super, tout se passe nickel et je pars pour le vélo. Contrairement à d’habitude, je suis tout de suite bien, bonnes jambes à part ce mollet qui tire, mais ça me semble finalement bénéfique ça m’évite de m’emballer et je fais attention à rester entre EF et EC1. Sauf que… premier souci, mon dérailleur électrique s’est déréglé pendant la nuit humide je pense car les rapport montent bien mais ça descend mal, je suis obligé de descendre 2 et remonter 1 pour descendre 1, toute la course… Non, la poisse ne m’a pas lâché… Sinon ça roule bien, ça drafte bien aussi, mais je ne peux pas vraiment en vouloir aux gens, c’est presque impossible de rouler seul à cause d’écarts entre les vagues bien trop faibles au départ. En réalité, il faudra attendre un tour complet avant que ça se décante vraiment, et là, pour le coup, je trouve ça mal fait, car les arbitres ne peuvent pas gérer, il y a vraiment trop de monde sur le parcours, ils ne peuvent pas déterminer qui drafte volontairement et qui subit le monde, moi-même j’ai du mal à repérer les gens qui en profitent vraiment. Ce sera le seul point noir de l’organisation de ce super triathlon. Bref. Pour le reste, je suis bien, sauf que… second souci, comme disait Seb Kienle, il est un bruit pire que la fraise du dentiste celui d’un boyau percé, et c’est ce bruit que j’entends au km7 (km7 put… mais oh quoi !) je me surprends à parler à mon boyau en lui demandant : ‘’t’es sérieux là ?’’ Mais oui, pas de doute, il était sérieux, j’ai encore crevé. Pendant que je freine le préventif anti-crevaison rajouté la veille semble faire son effet et le bruit de fuite s’arrête au bout de qqs secondes, j’estime avoir perdu un peu plus que la moitié de ma pression initiale, il doit rester environ 4 bars dans le boyau, je continue, on verra si je rajoute de l’air au risque de faire claquer la réparation et perdre encore plus d’air. Au 20ème km, je me fais dépasser par une petite moto qui porte plein de roues, cool ! si vraiment j’ai un pépin, je stopperai la moto pour lui piquer une roue, ça me rassure bien, je reprends avec un souci en moins à l’esprit. Au km50 je constate qu’enfin, je n’ai plus mal au mollet, good point. En revanche, km80, sur le chemin duplessis, avec 2 passages à 15%, nouvelle alerte physique, j’ai mal au tendon rotulien, là en revanche, je prends un gros coup au moral car comme pour la crampe en nat, cette douleur est nouvelle pour moi à vélo, ça ne m’était jamais arrivé avant sur le vélo, ça commence à faire beaucoup. Bon allez, il fait très humide, ça va peut-être s’améliorer avec le soleil qui perce tout doucement la couche de brume… On y croit, faut y croire.
A part ça je boucle mon premier tour avec de bonnes jambes, le boyau tient et je suis en avance sur mon temps prévu, j’ai juste la rotule qui pique à chaque coup de pédale. Ça pourrait se gérer si ça n’empire pas.
Deuxième tour, au km120, les jambes se durcissent d’un coup dans une petite montée, j’ai des crampes qui commencent à monter aux quadriceps, waouh, ça va être compliqué… ne suis-je pas entrain de payer mon manque d’appétit de ces derniers jours ? puis km150, rebelote dans la montée Ryan, une montée pas dure mais qui pourtant me fait mal aux muscles, allez, on y est presque, reste le chemin Duplessis, km170, mais là en fait, ça passe pas, j’explose complètement, crampé à mort, je suis obligé de m’arrêter. Je ne peux même pas descendre du vélo tellement je suis bloqué, quadris, ischios, mollets, la folie totale, finalement j’arrive à descendre pour m‘étirer pendant plusieurs minutes, et je repars, je suis clairement en mauvais état, et j’ai toujours le tendon rotulien qui fait mal. Je rentre au parc à vélo et prends une bonne pause à la transition pour m’étirer et masser le dessous de la rotule à l’insertion du tendon.
J’ai un peu récupéré, mentalement je me sens près à partir sur le marathon, c’est déjà une bonne chose, mais au bout de 200m, la rotule pique à nouveau à chaque foulée, je comprends alors que si je continue je vais faire, au mieux, 42 bornes avec cette douleur et je ne m’en sens pas capable mentalement, je vois Sabine et les enfants devant, je m’arrête pour plein de bisous et je décide d’en rester là, parce que un Ironman sur lequel je marche 42 km n’est plus vraiment un Ironman, ça n’a plus beaucoup de sens, et je me dis que tous les pépins que j’ai enfilés comme des perles toutes cette année sont autant de petites alertes que j’aurais du me reposer cette année ; mais en fait, avant tous ces constats, et comme il faut toujours s’inscrire un an à l’avance sur ces courses, je ne pouvais pas le savoir.
Décu ? comme je l’ai dit, oui et non, oui car c’est toujours difficile d’abandonner une course et non car je savais tout ce qu’il ne fallait pas faire pour préparer un Ironman mais je ne l’avais jamais expérimenté, maintenant c’est fait J
-          Reprendre l’entrainement trop vite, trop fort : check
-          Ne pas repérer les signes de surentrainement : check
-          Insister avec une blessure au tendon d’Achille : check
-          S’entrainer seul trop souvent = usure mentale : check
-          Ne pas s’aérer l’esprit avec un autre sport (escalade) : check
-          Etc… et encore une palanquée de petites choses que je ferai bien attention à respecter dans les années à venir
A part ça j’ai passé les plus belles vacances de ma vie, comme quoi, les vieux adages du genre ‘’on ne peut pas tout avoir’’ ont la vie dure J J J et en aucun cas je n’échangerais ces vacances réussies contre un maillot de finisher (‘Accompli’ sur le tee-shirt) à Mont-Tremblant. Non, tout simplement, je reviendrai ;-)


Pour finir je tiens vraiment à remercier toute une série de gens qui comptent beaucoup pour moi et qui m’ont soutenu et aidé parfois simplement par leur présence : mon amour, toujours là, compréhensive et enthousiaste, mes enfants autonomes et complices, Arnaud Fabian et Olivier Comau qui m’ont tellement apporté sur le plan physiologique et technique, Eric et Karine pour les sorties vélo, la motivation et les coups de fils réguliers d’une heure certains soirs J, David pour ses guides sur une alimentation saine, Estelle-Marie pour ses conseils, ses astuces et ses revues matos, Eric Schenk dès que j’ai une question vélo, le Trimoval tous ses membres et ses entraineurs, un super club avec une excellente ambiance, Alexis Skornik pour ses retours d’expérience en càp, Olivier Carrere pour les séances natation hors club et qqs sorties vélo, Christian Woehrel, Olivier Cailler, Arnaud Gag, Lionel Heller, JFlo Stumpf, tous mes potes de la ligne d’eau n°2 des entrainements club, Stéphane Kérampan, Etienne Maillard, Vincent Froidefond, Xavier Schneider, etc… tous ces gens bien du triathlon. Et ceux que j’ai maladroitement oubliés ;-)

lundi 7 juillet 2014

IRONMAN DE NICE - 28 juin 2014


NICE ! son soleil, ses plages de sable fin… heu de galets, sa promenade, ses souffrances !

On avait discuté pendant un moment avec Christian (Woehrel) sur le choix de la destination Ironman cette année et comme personne n’avait envie de faire un IM sous la pluie ni forcément trop loin, ce sont les probabilités de pluie sur une série d’IM qui ont guidé notre choix et Nice l’a emporté. Sauf que… on en reparle plus tard…

Mais Nice, c’est aussi une grosse remise en question car l’arrière pays grimpe bien plus qu’à Zürich, et je n’ai quasiment jamais mis les pieds en montagne.
Il va donc falloir modifier l’entrainement et apprendre à dompter les pourcentages. La préparation se passe globalement bien, le temps clément de l’hiver et du printemps va me permettre de dépasser les  4000km à vélo, avec quelques bonnes séances en montagne seul ou en compagnie des copains de toujours (Eric, Karine, David et Xavier).
En natation, je ne peux pas rêver meilleures conditions d’entrainement avec le Wacken ouvert à 7h le matin, c’est top et j’arrive à Nice avec 210km d’entrainement.
En course à pied en revanche, j’ai traîné une tendinite d’Achille depuis l’année précédente, et c’est une petite talonnette à 10 balles qui semaine après semaines aura raison de cette inflammation. C’est un peu hallucinant quand on y pense mais c’est bien la réalité. Et une seule séance dans une paire de Running sans talonnette me fera brièvement rechuter pendant 2 semaines. Conclusion : le zéro drop, ce n’est pas pour moi, mon tendon gauche a besoin d’être surélevé.
Et donc, j’arrive à Nice in-extremis sans AUCUNE douleur au tendon, timing un peu hallucinant pour ne pas dire chanceux J mais l’entrainement en a tout de même subit les conséquences sur plusieurs mois, je pense néanmoins avoir progressé, la càp ne me stresse pas du coup. A un détail près : les chaussures, en effet, malgré tous mes efforts, je vais courir en Nimbus 15 à 340g la chaussure, pas vraiment une ambiance compétition, mes ennuis de tendons ne m’ayant pas permis de faire les essais nécessaires sur des paires plus légères, plus ‘race’.

Mais voilà, le sportif doute souvent, et moi, malgré mes progrès en montagne, c’est le vélo de Nice qui me fait peur, me fait douter, me stresse. Et aussi, j’aimerais tellement rester au dessus des 30km/h (moins de 6h) pour ces 180 bornes.
D’ailleurs, en terme d’objectifs, j’avais pensé être dans l’heure en natation, sous les 6 heures à vélo et simplement faire mieux qu’à Zürich sur le marathon. Si je remplis tout ça, ce sera plus que parfait.

Trajet sympathique en passant par la Suisse et l’Italie en compagnie de Christian et ses anecdotes hawaïennes :-), Sabine est au volant, elle adore rouler, ça tombe bien, moi j’en ai horreur, repos donc, mais toujours ce stress qui ne veut pas me lâcher, alors qu’il n’était monté que très tard à Zürich.

Sur place, l’organisation est exemplaire, les stands sont super, ya des promos contrairement à Zürich où tout était super cher, ya beaucoup plus de matos (le stand Sailfish est top classe animé par Florian et ses sailfishgirls), l’inscription se fait en toute fluidité, rien à dire, nous sommes enchantés.
Un petit tour sur la plage, Christian teste sa combi louée chez Florian, pour ma part, je fais trempette et rentre rapidement me mettre à l’abri de la chaleur.
Derniers préparatifs du vélo et des sacs de transition pour une dépose toujours aussi fluide au parc le lendemain. Et là, le seul et unique bémol par rapport à cette course : la longueur du parc à vélo O_o. Avec 2800 vélos à poser, le peu de largeur sur la promenade, ça fait un parc de 100m de long, ça va faire beaucoup à courir pieds nus (drop 0 de chez 0) sur le dur, outch les tendons :-(
Vélo et sacs posés, retour au calme, mais la tension monte, j’espère que je n’ai rien oublié de mettre dans les sacs car plus d’accès le lendemain.

Pour la première fois avant une course j’éprouve des vraies difficultés à m’endormir, plus d’une heure, pour ne finalement que réussir un sommeil de chat style toujours vigilant. Pénible, très pénible.
Lever 4 heures du matin, difficile de faire passer le sportdèj et le gatosport, pfiouh ! Limite c’est à bosser à la maison pour l’avenir…
Toujours aussi impressionnantes ces arrivées de nuit au parc à vélo, les gens parlent peu, c’est rituel. Préparatifs ok, j’oublierai juste mon bidon de cadre dans mon sac, je m’en rendrai compte en course, mais ce n’est pas grave car il y a un ravito presque tous les 20km, c’est inédit, juste la grande classe !
Arrive le moment où je dois me séparer des mes lunettes, le plus tard possible, c’est toujours un moment de stress malgré mes goggles corrigées à -8 dioptries alors que je traine une myopie à -12 plus un astigmatisme à -2. Ça fait encore un gros écart de correction qui manque, un vrai handicap… Mais bon, on fait avec. Descente sur la plage, petit échauffement réussi, je croise Xavier (Schneider), on se souhaite bonne chance. Je me range dans le SAS des 1h02, temps que je pensais sincèrement mettre.

Sauf que…
Bam ! Départ !
Ouaouh !! Énorme, 2800 pèlerins qui se jettent à l’eau quasiment en même temps, faut pas être agoraphobe !! Clairement sur 100m je dirais qu’il n’est quasi pas possible de nager, ensuite j’ai eu un peu de chance, j’ai très souvent trouvé des petits espaces dans lesquelles je claquais une petite accélération pour m’y engouffrer et poser un semblant de nage. On est loin de la sérénité dans les eaux du lac de Zürich mais ça se passe plutôt bien, jusqu’au 1700m, première alerte, un mec complètement paumé me coupe la route alors que la bouée est droit devant et le met un coup dans les lunettes, à 2cm près, au mieux, je saignais du nez, au pire, j’ose pas y penser.
Néanmoins un truc me chiffonne pendant cette natation, je n’arrive pas trop à savoir quoi… 33 minutes le premier tour, mince, un peu déçu, mais je me sens étrangement trop bien…
Deuxième tour, tout s’espace, je nage souvent seul, je manque encore gravement de sens du placement pour profiter des jambes de mon prochain, ma vue déficiente n’y est peut-être pas pour rien… et à 3600m, nouvelle alerte, encore un gars qui traverse alors que la sortie est droit devant, là je prends un pied en plein menton, les dents claquent sévères, mais pas de casse, ouf, mais quel con !
Et toujours ce truc qui me chiffonne, 1h07 à la sortie, je suis un peu perplexe. Mais visiblement, je ne suis pas le seul dans ce cas, le parcours a changé, il part au large, la houle est présente et beaucoup de monde a du réviser ses ambitions à la baisse. Mon cardio ne sera pas d’un grand secours sur la distance, il s’est un peu fait bluffer et indique 4,4km. Bref.

Sortie de l’eau, traversée du parc à vélo après avoir chopé le sac et m’être changé tranquillement, les tapis sont bien agréables, je mange un gros bout de gatosport, tout se passe très bien. Jump on the bike et c’est parti.
Et là, contrairement à la natation sur laquelle je réalise que j’ai jamais réussi à prendre un rythme de course, jamais en hyperventilation, à moitié endormi en quelque sorte, sur le vélo, ça barde bien dès le début. En route pour l’aéroport à 40km/h avec un cardio bien tenu, tout baigne, direction Carros à 35km/h, je double un paquet de monde sans m’emballer, je kiffe.
Arrive la cote des Condamines, un 15% sur 400m et déjà là, je bénis mon nouveau pédalier qui me permet de passer en souplesse. S’en suit mini-bosses sur un faut plat montant, ça va bien. Puis la grosse montée, 20km, où je constate mes progrès en montée, mais aussi les progrès qu’il reste à faire :-) car en effet, ce sont des paquets de concurrents qui me passeront sur ces 20 bornes (150 ? je ne sais pas, mais un sacré paquet). J’arrive en haut plutôt en bon état, les segments plats qui suivent me feront un peu mal aux jambes mais je commence à reprendre les grimpeurs, c’est bon pour le moral mais je m’emballe peut-être un peu, méfiure et prudage…
Arrive la descente, là, plus rien ne me retient, le vélo chrono fait merveille, personne ne peut me suivre, je pense que je rattrape quasiment 100 concurrents en 80km. Et quels paysages !!! c’est indiscutablement le plus beau parcours vélo que j’ai jamais fait, tout simplement magique !
Puis surgit la pluie alors qu’il reste 8km de descente, impossible de pédaler, la route est une vraie patinoire, on se retrouve à 4, on se laisse rouler doucement vers le bas, personne ne fait le kéké, et pourtant, au km150, ma roue avant se couche, je me fais smasher parterre et je glisse, je glisse, je glisse, je traverse complètement la route et je viens percuter la paroi rocheuse en face. Ouf, le bonhomme est sonné, brulé, ouvert, mais entier, rien de cassé. Un gars en voiture s’arrête, me remet le vélo d’équerre, je repars le cerveau vide, les porte-bidons aussi d’ailleurs, tout a volé et je ne m’en suis pas rendu compte. Arrivé à l’aéroport, après une monstre averse, mon boyau avant est à plat, crevaison lente de la chute je pense, et je réalise que j’ai perdu mon matos de réparation dans la chute.
Pour moi la course s’arrête là, quelle déception. J’enlève mes chaussures, et je marche pieds nus sur environ 3km pour ramener le vélo au parc.

Je vais voir un arbitre pour lui remettre mon dossard, il me propose, compte tenu du temps qu’il reste, que je passe à la tente des secouristes pour voir si je ne peux pas continuer. C’est la première fois que l’idée de continuer me parvient. Mais à ce moment elle ne reste pas. Je file me faire soigner (désinfecter les plaies), le toubib n’est pas favorable à ce que je reparte, je lui demande les symptômes à surveiller, je retiens sa réponse au cas où. Je sors de la tente et vais récupérer mes affaires càp pour me changer et là, une bénévole aura les mots justes, elle me parle des pros qui sont tombés et repartis alors qu’ils n’ont plus d’espoir au classement, tout bascule, elle a raison, je ne peux pas abandonner comme ça, même si je ne suis plus dans la perf globale, je vais aller vérifier/valider mes progrès en càp, autant que faire se peut après le choc et c’est parti, la course continue, l’émotion est très intense !
Et surprise, ça brûle à la hanche, mais ne m’empêche pas d’avancer. Ça tiendra 18km à une allure de 5’45’’ au km, ramené à 6’06’’ en comptant la marche aux ravitaillements.
Mais entre le 18ème et le 19ème, effondrement complet, mental puis physique, mes abdos se serrent, mes adducteurs aussi, la chute fait enfin sentir ses effets physiques.
A ce moment, je croise Sabine qui marchera un peu avec moi, le temps défile grave quand on marche, c’est atroce. Faut que je me fasse violence pour courir ça me gonfle trop de ne pas avancer. Qqs km plus loin, dans un moment de marche, un spectateur se place à ma hauteur et se propose de m’accompagner pour me remettre à la course, il me coache littéralement sur les bons gestes et fait repartir la machine, énooorme ! Les km s’engrangent dans la douleur et dans le dernier tour, nouvelle rencontre dans un moment de marche, un concurrent cette fois s’arrête à côté de moi, me propose de m’accompagner, je me remets en route, j’en ai presque les larmes aux yeux, les gens sont gigantesques ! Dernier demi-tour, le mental reprend forcément le dessus, ça se termine, en courant.
Voilà, je passe la ligne, toute la tension tombe, j’ai juste envie de m’allonger, de trouver Sabine pour ne pas rester seul, j’ai une médaille au cou, je vais chercher mon tee-shirt, je ne peux rien boire, rien manger, je retrouve Sabine, gros câlin, je file prendre une douche froide sur la plage, m’allonge un peu, la pression artérielle remonte, je vais mieux.

Submergé par des sentiments très contradictoires, je ne sais pas quoi penser :
-          Content d’avoir fini
-          Très déçu d’être tombé
-          Très content de mon vélo
-          Très déçu de ne pas avoir pu valider ça au travers d’un vrai temps affiché (mon temps estimé me situe autour des 5h48-5h49 malgré la pluie, objectif secret totalement rempli, mais hélas, ce n’est pas affiché ainsi sur le classement, grande frustration, je sais juste que je l’ai dans les jambes)
-          Étonné par mon temps natation, je pensais me rapprocher bien plus près de l’heure, mais beaucoup ont déchanté, et en plus, je dois avouer une monstre connerie faite la veille : je suis allé faire de l’escalade pendant 1 heure au club de Carros, j’ai pas pu résister… no comment at all please :-)
-          Et la course à pied, je ne peux tirer aucune conclusion car je suis incapable d’évaluer l’impact de la chute, la seule chose que je constate, est le niveau de mes 18 premiers km, conforme à mes souhaits, mais quel est l’impact d’être resté 15’ dans la tente des secouristes ? probablement pas négligeable
Voilà, c’est la course, il faut la prendre telle qu’elle s’est passée, on ne peut pas refaire l’histoire, prendre les enseignements, les expériences, autant physiques qu’humaines vécues, capitaliser dessus et… REVENIR !!!

Je suis à bloc !
Je consacre la fin de l’année à apprendre à courir, à tester des vraies pompes de course et voici le programme pour la suite :
-          Mont-Tremblant (Canada) en 2015
-          Klagenfurt (Autriche) en 2016 avec Christian
-          Et retour à Nice en 2017 pour une ‘revanche’ avec le couteau entre les dents !!


Melde, je crois que je suis accroc :-D

dimanche 1 juin 2014

Triathlon Benfeld - Obernai, longue distance

Ici, je viens pour préparer l'IM de Nice. Un profil vélo idéal en tant que préparation, en revanche, pour la càp, on est aux antipodes, on en reparlera...

Contrairement à d'habitude où j'arrive assez bien à imager la course à venir et au final ça colle plutôt bien, aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, mes prévisions, mon plan, ont du être révisés en live parce que les choses ont pris des allures imprévues :
Bien que je ne sois pas fan des parcs dans le gravier la préparation se passe pas mal et la façon dont la transition est prévue ne me parait pas déconnant.
Le briefing démarre tard et va amputer sur l’échauffement natation, ça m'agace un peu parce que le départ étant mon point faible, j'ai besoin d'être chaud :/
Et comme prévu, je me fais un peu nager dessus, je m'essouffle vite et je pars vraiment en demi-teinte ce qui me coûtera ma présence dans le paquet de devant à la fin. Passé la première bouée je trouve ma ligne et ça permet enfin de nager plus "académique". le premier tour se termine en 11' environ, le rythme est bon, je peux tenir toute la journée comme ça :) Le deuxième tour se passe de la même façon, je rame jusqu'à la première bouée pour trouver ma ligne après avoir dégagé un nageur qui n'arrêtait pas de me rentrer dedans en déviant tout le temps sa trajectoire, du coup je lui grimpe dessus pour passer de l'autre côté et je ne l'ai jamais revu, il a du finir dans les arbres :D et je finis en 11'30 environ. En revanche le troisième tour s'est moins bien passé, mon groupe semble fatigué, ralentit et je me retrouve rapidement devant sans réussir à rattraper le groupe précédent qui au contraire creuse l'écart (au vu du temps, Xavier devait être dedans, zut) et je le boucle donc en 12', pour un total de 34' et quelques. J'ai carrément plus qu'un gros doute qu'il y ait 1900m sur ces 3 tours, je le vois bien plus près de 2100m à mon avis (et sachant que le M fait 2 tours pour 1400m...).
Bref, je sors de l'eau un peu mitigé mais pas déçu.
La transition se passe très mal (5'15 mais je ne m'étais fixé aucun objectif), j'oublie ma serviette, je dois courir à nouveau au sac, c'est le foutoir en fait devant les portiques, pas top finalement cette organisation.
Allez, on enfourche le vélo, je démarre tranquille pour trouver mon rythme de croisière à la sortie de Benfeld, dans la plaine, entre 35 et 38km/h. Vitesse mise à mal 15km plus tard avec les premières pentes. C'est là que ça commence en fait :) et surtout, c'est là que je constate que je ne suis pas un grimpeur : des wagons de cyclistes me dépassent dans les premières pentes du Mont St-Odile, c'est effrayant.
A noter que j'avais décidé de tester le vélo chrono sur ce parcours exigeant et force est de constater qu'il coûte cher en montée. Mais bon, je veux aussi gérer et pas finir à l'agonie dans la montée du Champ du Feu, mission remplie car alors que je me suis fait doubler tout du long, je reprends du monde dans cette dernière ascension.
Et dans la monstre descente qui suit, je reprends quasi tous les concurrents qui m'ont doublé depuis le Howald ! Malgré un état de fraicheur plus que moyen, 2h58 pour le vélo, est-ce que ça valide le vélo chrono pour Nice ? A priori oui.
Bref, je descends du vélo mitigé mais pas décu.

Et là... à la descente du vélo, les gros ennuis commencent.
Transition aussi mauvaise que la première, mais aucune importance, en revanche, dès le départ en càp, j'ai de très mauvaises sensations au niveau des chevilles, jamais eues auparavant, je ne comprends pas ce qui se passe. Rapidement je ne peux plus courir, je marche, je m'arrête je desserre la puce, je mets en doute mes nouveaux compressport, et au final, je desserre mes lacets et en qqs km, la sensation de brûlure et de blocage disparaît doucement, le retour veineux devait carrément être bloqué. Énorme, alors que le serrage de ces lacets n'a pas bougé depuis que j'ai les chaussures !
J'ai failli m'arrêter mais je me suis dit que cette course pouvait aussi être l'occasion d'un endurcissement mental, et elle le fut. En effet, le dénivelé est complètement inédit pour moi, très peu de portions plates, tout le contraire de mes entraînements "niçois". De même, la présence de Sabine et le fait de croiser régulièrement mes amis sur la course m'a bien aidé à ne pas bâcher.

Au final, plus ça allait, mieux ça allait, j'arrivais à courir normalement sur les portions plates et à un rythme intéressant pour la suite, en EC1. Le premier tour sera le plus lent, le dernier le plus rapide et en me sentant plutôt bien sur la fin de la course.
Bref, je passe la ligne d'arrivée mitigé mais pas déçu de la càp, à ceci près que je n'ai absolument pas pu appliquer les consignes.

Une bonne course d'entrainement donc avec des points sécurisés (natation, vélo chrono, tension du laçage, etc...) et des points encore en doute (2400m de dénivelé sur 180km, impact sur la càp, etc...).
Mitigé donc mais pas déçu ;)

ça pourrait s'arrêter là mais pas tout-à-fait : Sabine me court après pour récupérer mon dossard et participer à un tirage au sort pour je ne sais quel babiole.
Et mon numéro sort du chapeau O_o, la babiole en question est, à ma grande stupéfaction, un Compex Runner !!

Paf :)

Au final, j'ai pas mal aux jambes, probablement "grâce" à cette course à pied complètement erratique où il m'aura fallut beaucoup marcher en tentant des choses et en résolvant des énigmes pendant 8-9km pour espérer continuer la course.

Conclusion :
Natation : physiquement bien mais tactiquement mauvais
Vélo : manque de fraîcheur mais bonne gestion de mon énergie disponible
CàP : faire face à toute une série de couacs inédit avant de prendre un rythme acceptable

On continue par le semi-marathon de Strasbourg

Là, c'est un peu plus sérieux car l'idée est de réellement faire la course pour voir si on peut constater des progrès par rapport aux 2 premières années : 1h45 en 2012, 1h39 en 2013.
Objectif fixé par le coach, 3 minutes de mieux.
La nuit sera bien désagréable voire mauvaise, au lever, j'ai un poil plus envie de courir que durant la nuit mais c'est pas l'extase.
Petit dèj, trajet, dossard, échauffement, tout se passe très bien et direction le départ. Grosse surprise, je suis dans le sas de devant, les kenyans sont juste devant moi, je recule humblement même si à l'arrêt, ils ont l'air humain :)
Départ. Très beau parcours dans les rues de Strasbourg, bonnes sensations jusqu'au 13ème km où les jambes s'alourdissent un peu et le seul couac de la course : mentalement, j'ai pas envie de faire l'effort pour combler les qqs secondes perdues chaque kilomètre.
Jusqu'au 18ème où c'est plus l'envie de finir qui me fera accélérer et revenir à 4'24 au km, ryhtme du début.
Mais mission accomplie, je finis en 1h36, pile 3 minutes de mieux, content.
Encore en bonne forme, je rentre à la maison à vélo par un chemin détourné de presque 70km, bonne journée donc :)

Et donc la saison 2014 démarre... par un duathlon

Et Zeus sait combien je n'aime pas les duathlons, mais pour faire un peu de rythme, c'est tout de même bien un peu de compétition ;)


Donc 10-53-5, le menu du jour.
On décide avec Olivier de partir sur un rythme modéré mais l'effet compétition et emballage va nous empêcher de tenir le plan, le premier 10 sera plié en 42'30, l'idée était de tenir un 44'.
La transition se passe bien, mais je mets du temps à me sentir bien sur le vélo, je laisse filer Shanky qui a 0,5km/h de mieux que moi, pas grave. Presque 37km/h de moyenne, je suis content du vélo.
Mais le petit 5km pour finir ne sera pas glorieux, 22'50 mais ça me va bien parce que je ne veux pas mettre 3 jours pour récupérer, afin de reprendre normalement l'entrainement pour Nice dès lundi ou mardi.

Au final, cette course aura été un interlude dans mon entrainement, avec quelques enseignements sympas, mais c'est pas pour autant que je vais commencer à apprécier le duathlon.
La suite, c'est le semi-marathon de Strasbourg, un peu plus sérieux pour vérifier les progrès en càp depuis 2 ans (1h45 en 2012, 1h39 en 2013).

Au fait, 2014, on fait quoi ?

L'IM de Nice !
Même si c'est une course contre-nature pour moi avec tout ce dénivelé, je tente quand même le coup.
La préparation c'est toujours Oli-Coaching, mais on démarre ensemble 2 mois plus tôt par rapport à l'année dernière.
A suivre, les stats comparées avec 2013 ;)

dimanche 4 août 2013

IRONMAN DE ZURICH Part 3/3


Sous la tente de change, je suis zen, je mets les Quad, les gels dans la ceinture, des chaussettes pour courir, les Nimbus 13, je me lève, mon ischio va bien, je vois un anglais qui me regarde tristement et hésite à repartir, je le regarde positivement et ne trouve rien d’autre à lui dire que : ‘now it starts’ avec mon plus encourageant sourire, il se lève et me suis.
J’ai du mal à démarrer, ma course n’est pas fluide, je fais un gros stop rafraîchissement au premier ravito, indispensable et rapidement homo sapiens retrouve ses marques en position debout, c’est parti.
Autant le vélo demande un investissement mental pour rester concentré sur la route, la vitesse, les puls, les autres, etc… et permet au temps de filer sans s’encombrer l’esprit de pensées, négatives parfois, autant la course à pied permet à toutes les pensées de s’insinuer et impacter le mental.
Maintenant je sais que je finirai ce premier IM, même s’il faut marcher la moitié de la course à pied mais il me reste un dernier challenge personnel : courir le plus longtemps possible sur le marathon. Et pour ça, il va falloir s’employer mentalement !
Les premiers km passent bien, je ne peux zapper aucun ravito, il fait tellement chaud qu’on passe sous toutes les douches, ça mouille les chaussures, ça présage d’ampoules mais tant pis, sans ça, le risque de rester en rade sur un coup de chaleur est trop important, la douleur piquante des ampoules sera de toute façon plus simple à gérer et même à oublier.
Je vois Sabine et Silke régulièrement cependant je n’ai aucune idée de comment Jean-Christophe a géré sa course mais je vais vite le savoir, au km 15 je l’entends enfin, il me double, avec un bracelet là où j’en ai déjà deux, j’ai donc 10,5km d’avance, mais il court à 12km/h le bougre, c’est bien, ça va m’empêcher de me reposer sur mes lauriers, et surtout ça va m’occuper l’esprit dans plein de petits calculs pour voir s’il va me coiffer sur la ligne ou pas ;-) hyper motivant !
Ils distribuent des poches de glace aux ravitos, c’est tip-top, ça me permet de rester bien lucide, de bien gérer ravitaillement, sel et rafraîchissement  A chaque ravito pair je prends 3 gorgées de powerbar, 3 gorgées d’eau et je finis le reste sur la tête, à chaque ravito impair je ne prends que de l’eau et je me force à prendre un gel (j’ai pas toujours réussi). J’ai senti plusieurs fois mon estomac à la limite de basculer dans le chaos mais c’est passé.
Au 22ème km, mentalement ça commence à s’alourdir, oh pinaise, je sens la longueur de l’épreuve dans ma tête plus que dans mon corps. Mes lectures sur le sujet m’aident, je sais que ces coups de mou mentaux finissent par passer. Je prends maintenant du Coca pour alimenter le cerveau en sucre, et en effet, j’alterne des moments bien et des moments moins bien psychologiquement.
Heureusement pas d’alerte au niveau physique, les genoux (ma principale inquiétude) vont bien, les tendons et les muscles aussi, 134puls, je gère.
Jean-Christophe a ralenti, au 37ème km on se croise exactement au même endroit sur le circuit qu'au tour précédent, il fait la CCC dans un mois et a décidé de lever le pied, je sais maintenant que je ne l'entendrais pas juste avant l'arrivée, ça me fait plaisir quelque part, c'était un autre mini-challenge parmi tous mes mini-challenges, celui-ci aussi est donc réussi.
Au 36èmekm, en chopant le denier bracelet, le fameux rouge qu’on a gravement envié sur les bras des vrais coureurs à pied, mon mental sort des montagnes russes, je sais que je vais finir en courant. Je me sens même plutôt bien et je me demande si je suis capable d’accélérer. Au 39ème km, je décide d’accélérer, et là, on ne rigole pas amis lecteurs mais je passe de 6’48 au km (ravito compris) à 6’18 :-) sauf que, arrivé à 500m de la ligne, j’ai les mollets qui commencent franchement à se durcir m’indiquant que ce n’est clairement pas un rythme que j’aurais pu tenir sur toute la distance. Bref j’ai du boulot avant de rentrer le marathon d’un IM en moins de 4h ;-)
Le speaker, la musique, le virage à droite qu’on a haï 4 tours durant, cette fois, il est pour moi !
Je passe la ligne content mais sans être submergé par le bonheur, j’ai simplement le sentiment que mon plan s’est déroulé comme prévu. Ma principale satisfaction est d’avoir vaincu les conditions extrêmes, la distance elle, j’avais confiance avec le travail bien structuré effectué avec oli-coaching depuis le début de l’année.
Voilà, c’est fait ! Alors que d’habitude je n’attache aucune importance aux trophées, la médaille me fait ici très plaisir, le tee-shirt aussi, cela sanctionne 7 mois pleins de préparation, une belle adaptation aux conditions et une belle gestion de course.
Au final, une question me reste : ai-je fait une course ?
Sincèrement, en natation oui et je fais une perf au niveau de mes attentes (objectif idéal : moins de 1h05 en combi sachant que je perds 1’ au 400m sans combi, ce qui fait 9min d’écart et il y avait 100m de plus, donc en 1’14 le contrat est rempli), en vélo j’ai plus géré mais je voulais vraiment rester au-dessus des 30km/h pour les 180km, contrat rempli aussi donc, et en càp, là c’est sur, je me suis plus senti à l’entrainement et mon contrat était de lutter pour ne pas marcher pour une raison à deux balles ; ce à quoi j’ai échoué 3x, je m’en suis voulu 3x :-)
Ce marathon pour un non-coureur, c’est incroyablement mental.

Et sans Sabine mon épouse, ça n’aurait juste pas été possible.
Sans Olivier Comau ze coach, jamais je n’aurais pu l'aborder avec une réelle forme de sérénité.
Sans tous mes copains d’entrainement et de motivation, Olive, EricW, Karine, EricS, Jérémie, JFlo, Mathieu, David, Xavier, etc… ça aurait été beaucoup beaucoup plus dur.
Sans le formidable état d’esprit sportif qu’il y a au boulot avec JC, Greg, Alexis, SebF, OlivierP, ça ne me serait pas venu à l’idée de participer.
Sans les petits conseils très ciblés et pertinents d’Estelle-Marie, je n’aurais jamais fini de la même façon.
Sans mon beau-père toujours prêt à m'accompagner sur mes sorties de récupération, mon entrainement aurait bien plus usant mentalement.
Et sans le Trimo j’aurais été moins beau :-)
La performance est donc tout sauf individuelle, merci à tous !